Bienvenue sur Le Buffet Finances
LA newsletter sur l’investissement en Bourse qui va te régaler !
Au menu :
💭 Mon blabla : Difficile d’échapper aux biais cognitifs
📚 3 min pour comprendre : 7 biais cognitifs en Bourse
📊 Le juste prix : Schneider Electric
💬 La citation de la semaine
🤩 Une image vaut mille mots
🛠 Une ressource vraiment utile : The Psychology of Human Misjudgement, Charlie Munger
PS : On accueille 50 nouveaux membres : on est désormais 344 autour du Buffet Finances ! Merci à tous de me lire ❤️
💭 Mon blabla : Difficile d’échapper aux biais cognitifs
J’ai acheté cette action 100 €, je ne veux pas en racheter maintenant qu’elle est à 130 € !
Les marchés sont au plus haut, il faudrait que je vende…
Warren Buffett a racheté cette action, je devrais sûrement faire pareil…
J’ai déjà investi 10 000 € sur cette action, je ne peux plus reculer maintenant…
Ces phrases, tu les as peut-être déjà entendu. Ou tu les as peut-être même prononcé toi-même. Elles ne sont qu’un tout petit échantillon de ce qu’on appelle les biais cognitifs.
Un biais cognitif, c’est définit comme “un réflexe de pensée faussement logique, inconscient, et systématique.” Pour faire simple : tu ne traites pas les informations de façon objective, mais tu effectues une sorte de tri. Tu vas non seulement filtrer les informations qui “rentrent” dans ton cerveau, mais aussi la façon dont tu analyses ces informations.
Autant te prévenir : avec mon background de scientifique en neurosciences cognitives, ce type de sujet me RÉGALE ! 😄
Franchement, comment nous autres les humains, qui avons inventé l’alphabet, la roue, internet et la bière… pouvons-nous nous faire manipuler aussi facilement par notre cerveau ???
Un exemple typique de biais cognitif quand on investi en Bourse est le biais d’ancrage : quand tu “t’accroches” à des informations passées pour prendre des décisions, même si les conditions ont changé… Par exemple, acheter des actions sur la base d’une analyse qui n’est plus valable maintenant, car entre-temps l’entreprise s’est fortement endettée, est moins profitable ou rencontre des problèmes de management…
Sauf que : si la valeur intrinsèque de l’entreprise diminue, le prix de l’action aussi, et parfois cette baisse est permanente. S’accrocher à son “ancre”, c’est la certitude de couler avec le reste…
Oui mais pas moi
Alors là, tu te dis peut-être :
“T’es bien sympa Vivien, mais MOI je ne me fais pas manipuler le cerveau aussi facilement !”
Okay.
Si tu te dis ça, félicitations ! Tu viens de démontrer un biais cognitif bien connu : le biais de supériorité illusoire. Tu sais, le même type de biais qui te fais penser que TOI tu conduis mieux que la moyenne ou que TOI tu travailles mieux que tes collègues…
(Hey, je ne te connais pas et c’est peut-être le cas, pas de jugements ici ! 😉 )
Une des variantes les plus connues de ce biais est l’effet Dunning-Kruger : quand on commence une nouvelle activité, on progresse vite au début, ce qui conduit à sur-évaluer nos compétences réelles. Mais la réalité nous rattrape vite et nous conduit dans la “Valée de l’humilité”, à partir de laquelle on peut lentement remonter, en ayant conscience de ce qu’on ne sait pas…
Alors on fait quoi ?
Si on ne peut pas y échapper totalement, je pense qu’il faut arriver à se situer (sans se mentir à soi-même) selon différents “niveaux de conscience” :
Non-conscient de l’existence des biais cognitifs
Conscient qu’ils existent
Conscient que tu les ‘subit’
Capable de limiter leur impact
Parmi les solutions pour limiter leur impact : filtrer les informations que tu reçois (ciao les chaînes d’informations en continu et les réseaux sociaux), ne pas se précipiter (attendre une semaine avant d’acheter ou vendre par exemple), ou encore s’exposer à des avis différents (et comprendre pourquoi eux pensent que cette action a du potentiel, et pas moi).
Finalement, une partie de la solution pour réduire l’impact de nos biais cognitifs se résume dans cette citation de Socrate :
Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien.
📚 3 min pour comprendre : 7 biais cognitifs en Bourse
Résumé
Il existe de nombreux biais cognitifs pouvant affecter nos investissements en Bourse.
Bien souvent, les biais cognitifs co-existent en même temps, ce qui amplifie leur effet “néfaste”.
Biais de confirmation
Rechercher, interpréter et se souvenir des informations qui confirment nos croyances préexistantes.
Exemple : croire fortement dans la croissance d'une entreprise en ignorant les signes avant-coureurs négatifs.
Biais de la tendance à la mauvaise réaction par contraste (Contrast-Misreaction Tendency)
Réagir de manière excessive ou inadéquate à une situation en raison du contraste avec une situation précédente ou une référence immédiate.
Exemple : acheter des actions 50 €, les voir monter à 100 € puis descendre à 80 €. La baisse peut être perçue comme une énorme perte et te pousser à vendre, même si tu es encore en plus-value par rapport à ton prix d’achat.
Biais de disponibilité
Juger la probabilité d'un événement en fonction de la facilité avec laquelle des exemples viennent à l'esprit.
Exemple : après avoir vu plusieurs reportages sur des krachs boursiers, tu pourrais surestimer la probabilité d'un krach dans un futur proche.
Biais des coûts irrécupérables
Continuer d'investir dans une entreprise en raison des ressources déjà investies (temps, argent, effort), même lorsque cela n'est plus rationnel.
Exemple : ne pas vendre une entreprise en perdition, simplement par ce que tu as déjà beaucoup investi dedans.
Biais de représentativité
Supposer qu'une situation spécifique est représentative d'un ensemble plus large.
Exemple : penser que par ce que Nvidia a rencontré du succès, TOUTES les entreprises liées de près ou de loin aux semi-conducteurs et à l’IA vont faire de même.
Biais d'aversion aux pertes
Ressentir les pertes plus intensément que les gains, ce qui peut conduire à des décisions irrationnelles, comme conserver des actions perdantes pour éviter de réaliser une perte.
Exemple : vendre dès que tu as +30 % de plus-value, mais ne pas vendre même après -50 % de moins-value… (cet exemple est aussi parfois associé au biais des coûts irrécupérables).
Biais d'effet de cadre
Être influencé par la manière dont une situation ou une information est présentée. Exemple : tu réagiras sûrement différemment si une action est décrite comme ayant "90 % de chances de succès" par rapport à "10 % de chances d'échec".
📊 Le juste prix : Schneider Electric
Acheter des entreprises de qualité, c’est bien.
Les acheter au “juste prix” (ou au moins, sans payer trop cher !), c’est mieux…
Chaque semaine, je te partage mes estimations sur la valorisation d’une entreprise. Pour comprendre la méthode, je t’invite à (re)lire cette édition de la newsletter.
Le tableau ci-dessous te permet de visualiser mes différentes estimations en fonctions des hypothèses de croissance des free cash flow & du ratio Prix / FCF.
En rouge 🔴 Le prix actuel semble sur-valorisé.
En blanc ⚪️ Le prix actuel semble correctement valorisé.
En vert 🟢 Le prix actuel semble sous-valorisé.
(Attention : les couleurs sont relatives au prix de l’action le jour de l’analyse !)
⬇️ Mon estimation personnelle ⬇️
Croissance des free cash flow
Historiquement sur 10 ans, le CAGR (compounded annual growth rate) se situe entre 7 et 15 %.
Je pense que Schneider Electric a les moyens de voir ses FCF augmenter de 8 % par an sur les 5 prochaines années.
Ratio Prix / FCF
Historiquement sur 10 ans, le ratio Prix / FCF se situe entre 12 et 40, et plus récemment entre 21 et 30.
Je pense qu’un ratio de 22 dans 5 ans semble raisonnable, voire prudent.
Avec ces hypothèses que je juge assez prudentes, on peut voir dans le tableau que mon juste prix se situerait autour de 167 €. Du point de vue technique, difficile d’imaginer l’action à ce prix-là dans les mois à venir…
En faisant un “DCF inversé”, on peut voir qu’au ratio de valorisation actuel de 29, le prix actuel de 232 € anticipe une croissance des free cash-flow d’environ 9 %.
Si cette croissance est - je pense - faisable, je trouve que le risque principal est lié à un “dégonflement” de la valorisation : pour une même croissance de 9 %, un ratio de ‘seulement 25’ fait tomber le juste prix à 199 €…
A toi de jouer ! Dis-moi en commentaire ce que tu penses être le juste prix pour l’action Schneider Electric ⬇️
💬 La citation de la semaine
La pensée humaine ressemble beaucoup à l'ovule humain, et l'ovule humain a un dispositif de fermeture. Lorsqu'un spermatozoïde pénètre, il se ferme pour que le suivant ne puisse pas entrer.
L'esprit humain fonctionne de la même manière : une fois qu'il a une idée, il bloque la capacité de recevoir des idées concurrentes.
Charlie Munger
🤩 Une image vaut mille mots
🛠 Une ressource vraiment utile : The Psychology of Human Misjudgement, Charlie Munger
("La Psychologie des Erreurs de Jugement Humaines" en Français)
Harvard, 1995.
Lors d'un séminaire sur le comportement humain, Charlie Munger a partagé ses idées sur les biais cognitifs et les erreurs de jugement, basées sur sa longue expérience (déjà à l’époque !) en tant qu'investisseur mais aussi “simple observateur” de la nature humaine.
Le contenu se retrouve facilement en anglais ; pour les 100 % francophones, je pense qu’il faudra passer par les sous-titres…
Ci-dessous 4 ressources en 1 :
une illustration
🔚 C’est tout pour aujourd’hui !
Si tu as quelques minutes, tu peux répondre à ce sondage et m’aider à améliorer Le Buffet Finances !
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