📝 Warren Buffett, 94 ans : ses dernières leçons
#38 : Celui qui dirigeait Berkshire Hathaway depuis 60 ans
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💭 Mon grain de sel : 60 ans et toutes ses dents
🐦 Le tweet de la semaine
📊 Le juste prix : Visa (V)
💬 La citation de la semaine
🤩 Une image vaut mille mots
🛠 Une ressource vraiment utile : Stock Unlocks 20 Step Investing Checklist
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💭 Mon grain de sel : 60 ans et toutes ses dents
Il y a 4 jours (22 février 2025), Warren Buffett a publié sa lettre aux actionnaires de son entreprise Berkshire Hathaway (BRK). C’est une habitude depuis plus de 50 ans : chaque année ‘tonton Warren’ nous partage ce qu’il a appris, ses erreurs et ses succès dans un condensé d’une quinzaine de pages.
Tu peux lire gratuitement TOUTES les lettres aux actionnaires (en anglais) sur le site web de Berkshire Hathaway :
Depuis que j’investis, je ne manque pas une seule publication (et je n’ai pas encore terminé de lire toutes les anciennes lettres !). Tout simplement par ce que, à 94 ans, Warren Buffett reste l’un des investisseurs non seulement les plus performants (notamment dû à sa longévité !), mais surtout l’un des plus humbles. Et au-delà des performances boursières, chaque lettre est une leçon de vie et d’humilité.
Mais aussi par ce que, à 94 ans, il n’est pas impossible que chaque nouvelle lettre soit la dernière qu’il publie…
Alors sans plus attendre, installez-vous confortablement, prenez un verre de Coca-Cola (par respect pour Warren, sa boisson préférée 😄), et profitez de ce résumé des point principaux.
Dans cette édition 2024, Buffett revient sur les erreurs d’investissement, la performance de son entreprise, son expansion au Japon et la puissance du réinvestissement à long terme.
🔍 L'importance de reconnaître ses erreurs
Même les meilleurs investisseurs ne sont pas infaillibles. Buffett fait encore une fois preuve d’humilité en soulignant que sur les cinq dernières années, il a utilisé les mots "mistake" ou "error" 16 fois dans ses lettres. Alors qu’en face, de nombreuses entreprises préfèrent ne jamais reconnaître leurs erreurs publiquement.
“Ailleurs, il s’agi généralement de discours optimistes et d'images. J'ai également été administrateur de grandes entreprises où les mots « erreur » ou « faute » étaient interdits lors des réunions du conseil d'administration ou des appels avec les analystes. Ce tabou, sous-entendant une perfection managériale, m'a toujours mis mal à l'aise."
Il cite notamment deux types d’erreurs : des erreurs d’analyses, dans l’évaluation de certaines acquisitions, et des erreurs dans le choix de dirigeants. Et d’après lui, ces-dernières sont les plus douloureuses.
"Les déceptions en matière de loyauté peuvent être douloureuses au-delà de leur impact financier, une douleur qui peut s’approcher de celle d’un mariage raté."
Mais il nous rappelle une leçon essentielle, citation de son regretté partenaire Charlie Munger :
"Les problèmes ne disparaissent pas par magie. Ils nécessitent d’agir, même si ce n’est pas confortable."
Buffett insiste sur un danger bien plus grand que de faire des erreurs : ne pas les corriger à temps. Dans l’investissement comme dans la gestion d’une entreprise, il est essentiel d’admettre ses fautes et de prendre des mesures rapidement.
"J’ai également eu de nombreuses bonnes surprises, tant sur le potentiel des entreprises que sur les compétences et la fidélité des dirigeants. Et notre expérience montre qu’une seule décision gagnante peut faire une différence spectaculaire sur le long terme.
Pensez à GEICO comme une décision d’investissement, à Ajit Jain (vice-président de Berkshire Hathaway) comme une décision managériale, et à ma chance d’avoir trouvé en Charlie Munger un partenaire unique, un conseiller personnel et un ami indéfectible.
Les erreurs s'effacent avec le temps ; les gagnants peuvent grandir indéfiniment.”
📌 Leçon clé : L’erreur n’est pas un problème en soi. Ce qui compte, c’est la capacité à l’identifier et à l’ajuster rapidement pour éviter qu’elle ne devienne pas catastrophique.
💰 2024 : Une année solide pour Berkshire Hathaway
Malgré un environnement complexe, Berkshire Hathaway a affiché de solides performances en 2024, avec 47,4 milliards de dollars de bénéfices opérationnels. Ce résultat est d’autant plus impressionnant que 53% des 189 filiales du groupe ont vu leurs bénéfices baisser.
"Notre mesure (les bénéfices opérationnels) exclut les gains ou pertes en capital sur les actions et obligations que nous détenons, qu'ils soient réalisés ou non. À long terme, nous pensons qu'il est très probable que les gains l'emportent – pourquoi achèterions-nous ces titres autrement ? – bien que les chiffres varient fortement et de manière imprévisible d'une année à l'autre.
Notre horizon pour ces engagements est presque toujours bien plus long qu'une seule année. Dans de nombreux cas, notre réflexion se fait en décennies. Ces investissements de long terme sont ceux qui, parfois, font sonner la caisse enregistreuse avec la régularité de cloches d'église."
Plusieurs facteurs expliquent cette résilience :
✅ La hausse des taux d’intérêt, qui a permis à Berkshire de tirer profit de ses liquidités en investissant massivement dans les bons du Trésor américain.
✅ La transformation de GEICO, son assureur auto, qui a gagné en efficacité sous la direction de Todd Combs.
✅ Un secteur de l’assurance robuste, bénéficiant d’une hausse des prix, bien que les risques climatiques deviennent de plus en plus imprévisibles.
📌 Leçon clé : Une entreprise bien diversifiée et dirigée avec discipline peut traverser toutes les tempêtes économiques.
🇯🇵 Focus sur le Japon : Un pari long terme
Berkshire Hathaway continue de renforcer ses positions dans cinq grandes entreprises japonaises : Mitsubishi, Mitsui, Itochu, Marubeni et Sumitomo. Depuis ses premiers achats en 2019, la valorisation de ces investissements est passée de 13,8 milliards de dollars à 23,5 milliards.
Pourquoi ce pari sur le Japon ? Buffett explique :
“Nous avons simplement examiné leurs états financiers et avons été étonnés par les prix bas de leurs actions. Au fil des années, notre admiration pour ces entreprises n'a cessé de croître. Greg a rencontré leurs dirigeants à de nombreuses reprises, et je suis régulièrement leurs progrès.
Nous apprécions tous les deux leur déploiement de capital, leurs équipes de direction et leur attitude envers leurs investisseurs.”
Ce qui l’a séduit :
✅ Des entreprises bien gérées, avec une approche conservatrice de la dette.
✅ Une culture du capital disciplinée, où les dirigeants augmentent les dividendes et rachètent des actions quand c’est pertinent.
✅ Une opportunité d’achat à bon prix, avec des valorisations nettement inférieures à celles des entreprises américaines comparables.
De plus, Berkshire finance en partie ces investissements par de la dette en yen à taux fixe, réduisant ainsi son exposition aux fluctuations monétaires.
📌 Leçon clé : Les meilleures opportunités ne se trouvent pas toujours sur les marchés les plus populaires. Il faut être prêt à chercher là où personne ne regarde.
📈 Le pouvoir du réinvestissement et des intérêts composés
Buffett rappelle que depuis 60 ans, Berkshire Hathaway n’a versé qu’un seul dividende (10 cents par action en 1967). Plutôt que de redistribuer ses profits, l’entreprise les a réinvestis, ce qui lui a permis d’accumuler une puissance financière phénoménale.
“Le 3 janvier 1967, nous avons effectué notre seul paiement – 101 755 $ ou 10¢ par action A. (Je ne me souviens plus pourquoi j'ai suggéré cette action au conseil d'administration de Berkshire. Maintenant, cela me semble comme un mauvais rêve.)”
Quand Buffett a pris le contrôle de l’entreprise en 1965, Berkshire de payait pas un centime d’impôt au gouvernement américain.
“Ce genre de comportement économique peut être compréhensible pour des startups glamour, mais c'est un signal jaune clignotant lorsque cela se produit dans une institution vénérable de l'industrie américaine. Berkshire se dirigeait droit dans le mur.”
Aujourd’hui, la stratégie “d’accumulation” porte ses fruits : Berkshire est devenu le plus gros contribuable de l’histoire des États-Unis, avec 26,8 milliards de dollars d’impôts payés en 2024. Cela représente 5 % de l’ensemble des taxes qu’ont payé TOUTES les entreprises américaines en 2025…
“Si Berkshire avait envoyé un chèque de 1 million de dollars au Trésor Public toutes les 20 minutes pendant toute l'année 2024, nous aurions encore dû une somme importante au gouvernement fédéral à la fin de l'année.
Cette performance illustre la puissance de l’effet cumulé. En laissant les profits travailler année après année, Berkshire a pu transformer une entreprise textile en difficulté en un empire de plusieurs centaines de milliards de dollars.
📌 Leçon clé : Laisser son capital travailler sur le long terme est une stratégie incroyablement efficace. La patience et la discipline font toute la différence.
💡 Un dernier message sur l’investissement en actions
Buffett conclut sa lettre en réaffirmant sa confiance inébranlable dans les actions comme moteur de croissance du patrimoine à long terme.
“D’un côté, nous détenons le contrôle de nombreuses entreprises, en possédant au moins 80 % des actions de l'entreprise investie. En général, nous en possédons 100 %. De l’autre côté, nous détenons un petit pourcentage d'une douzaine d'entreprises très grandes et très rentables.
Nous sommes impartiaux dans notre choix de véhicules d'investissement, en investissant dans l'un ou l'autre en fonction de l'endroit où nous pouvons le mieux déployer vos économies (et celles de ma famille). Souvent, rien ne semble intéressant ; très rarement, nous nous retrouvons plongés dans des opportunités.”
Il met en garde contre la détention excessive de cash ou d’obligations à taux fixe :
"L’argent papier peut perdre toute sa valeur si les politiques fiscales sont irresponsables. Les entreprises, elles, trouvent toujours un moyen de s’adapter."
Cette réflexion est un rappel que l’inflation et la dépréciation monétaire sont des risques bien réels. En revanche, les entreprises bien gérées, capables d’ajuster leurs prix et d’innover, offrent une bien meilleure protection contre ces menaces.
Buffett rappelle également que Berkshire ne privilégiera jamais la détention de cash plutôt que d’investir dans de bonnes entreprises. L’objectif est toujours de trouver des actifs productifs qui génèrent de la valeur sur le long terme.
J’adore en particulier ce petit “tacle” adressé à bon nombre de personnes…
“Malgré ce que certains commentateurs considèrent actuellement comme une position de trésorerie extraordinaire chez Berkshire, la grande majorité de votre argent reste investi en actions. Cette préférence ne changera pas.
Bien que notre participation dans les actions cotées ait diminué l'année dernière, passant de 354 milliards de dollars à 272 milliards de dollars, la valeur de nos actions contrôlées non cotées a légèrement augmenté et reste bien supérieure à celle du portefeuille d'actions cotées.
Bref : ne pas oublier que Berkshire Hathaway n’est pas composé de seulement son portefeuille public (avec les entreprises cotées comme Apple, Coca-Cola et autres) mais aussi d’entreprises que Berkshire détient à 100 % comme Kraft Heinz, See’s Candies, GEICO, et Nebraska Furniture Mart (où, pour l’anecdote, nous avons acheté BEAUCOUP de meubles quand nous vivions aux USA 😄 )
📌 Leçon clé : La volatilité des marchés est normale, mais rester investi dans des entreprises solides est la meilleure protection contre l’inflation et les incertitudes économiques.
✨ CONCLUSION
Cette lettre est un rappel puissant des principes fondamentaux de l’investissement :
admettre ses erreurs
rester discipliné
rechercher la valeur où elle se trouve
laisser le temps jouer en sa faveur
Buffett continue de montrer qu’il n’y a pas de secret : seule la patience alliée à une gestion rigoureuse du capital permet d’obtenir des résultats exceptionnels sur plusieurs décennies.
👉 Et toi, quelle est ta principale leçon de cette lettre ?
🐦 Le tweet de la semaine
📊 Le juste prix : Visa (V)
Visa est un leader mondial des paiements électroniques, facilitant les transactions entre consommateurs, commerçants et institutions financières. Son modèle économique repose sur des frais de traitement des paiements pour chaque transaction réalisée avec ses cartes de crédit et de débit. L'entreprise bénéficie d'un réseau mondial très étendu, avec une présence dans plus de 200 pays.
Chaque semaine, je te partage mes estimations sur la valorisation d’une entreprise. Pour comprendre la méthode, je t’invite à (re)lire cette édition de la newsletter.
Le tableau ci-dessous te permet de visualiser mes différentes estimations en fonction des hypothèses de croissance des free cash flow & du ratio de valorisation Prix / FCF.
En rouge 🔴 Le prix actuel semble sur-valorisé.
En blanc ⚪️ Le prix actuel semble correctement valorisé.
En vert 🟢 Le prix actuel semble sous-valorisé.
(Attention : les couleurs sont relatives au prix de l’action le jour de l’analyse !)
Retrouve également mon analyse des derniers résultats de Visa :
⬇️ Mon estimation personnelle ⬇️
Croissance des free cash flow
Historiquement, le CAGR (Taux de Croissance Annuel Composé) se situe autour de 13,5 % sur 10 ans et 12 % sur 5 ans .
Je pense que Visa peut raisonnablement augmenter ses FCF de 10 % par an sur les 5 prochaines années.

Ratio Prix / FCF
Historiquement sur 10 ans, le ratio Prix / FCF s’est situé entre 20 et 54.
Le ratio médian est de 29, que ce soit sur 10 ans ou sur 5 ans.
Je pense donc qu’un ratio de 25 semble raisonnablement prudent.

Avec ces hypothèses que je juge assez prudentes, on peut voir dans le tableau que mon juste prix pour l’action Visa se situerait autour de 305 $.
Ce qui correspondrait à un prix de l’action dans 5 ans de 470 $, soit +33 % ou un CAGR d’environ 5,93 % par rapport au prix actuel de 352 $.
Le ratio P/FCF actuel de 34 suggère que le prix actuel de 352 $ “anticipe” une croissance des free cashflow de seulement 7 % par an.
Les prix-cibles des analystes (dans 1 an) se situent entre 292 $ et 420 $, avec une moyenne autour de 382 $.
⚠️ ATTENTION : mon estimation est volontairement très prudente. En prenant le ratio P/FCF médian de 29, on tombe autour du prix actuel… Je préfère inclure directement dans mes hypothèses une marge de sécurité, mais je ne pense pas que le prix actuel de l’action Visa soit complètement délirant. Mais plus la marge de sécurité est fine, plus le risque de voir le prix chuter à court-terme est élevé.
Graphiquement, l’action Visa n’a fait quasiment que grimper depuis l’été 2024, d’autant plus depuis le début de l’année 2025. Le prix actuel est proche de la zone supérieure d’un “couloir ascendant” (en bleu sur le graphique ci-dessous), ce qui pourrait agir comme ‘résistance’ (i.e., le prix “se cogne” dessus et redescend).
Je vois une grosse zone de ‘support horizontal’ (en vert sur le graphique), entre 290 $ et 305 $. Mais comme toujours, rien ne garantit que le prix ne redescende aussi bas…
💬 La citation de la semaine
Les entreprises meurent pour de nombreuses raisons, mais, contrairement au destin des humains, la vieillesse en elle-même n'est pas létale. Berkshire, aujourd'hui, est bien plus jeune qu'elle ne l'était en 1965.
Warren Buffett - Lettre aux actionnaires, 2024
🤩 Une image vaut mille mots

🛠 Une ressource vraiment utile : Stock Unlocks 20 Step Investing Checklist
Tu le sais sûrement si tu es un habitué de cette newsletter : je suis un fervent utilisateur de la plate-forme Stock Unlock pour analyser les entreprises, trouver des pépites et suivre la performance de mon portefeuille !
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Les créateurs ont également publié une checklist en 20 points pour te guider dans l’analyse d’entreprises. Évidemment, le contenu est en anglais, mais si tu es sérieux à propos d’investir en Bourse (notamment dans des entreprises US), tu n’auras pas le choix que d’apprendre au-moins les bases…
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